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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 18:59

 

http://www.lyricis.fr/wp-content/uploads/2013/01/Die-Hard-5-Affiche-FR.jpgL'affiche de ce 5è épisode de Die Hard est d'une laideur qui confine à l'amateurisme. Elle est digne d'une jaquette de DVD pirate du film dans un pays de l'est. Tiens, en parlant de pays de l'est, on aperçoit un bout de Russie qui pointe au sommet. Un tout petit bout car la Russie ce n'est jamais très vendeur mais cela place le personnage de John McClane dans un cadre inédit et promet des cascades exotiques. Tout comme Paris et son incontournable tour Eiffel qui est de tous les plans dans les films américains censés se dérouler dans notre capitale, la Russie se résume bien souvent à la place Rouge et à la Cathédrale Saint-Basile Le Bienheureux. La couleur rouge qui domine évoque la tension, l'adrénaline, la température qui monte avant que ça pète. Elle peut également renvoyer sans mal au communisme. Grâce à cliché, des ennemis imaginaires sont ainsi établis en faisant appel à l'inconscient collectif qui ressent une hostilité.
 
Sur les posters des 4 précédents films, Willis apparaissait seul. Cette fois-ci, il partage avec l'affiche avec un autre acteur, légèrement en retrait et quasiment inconnu. Ils sont complètement ensanglantés et au coeur de l'action. Contrairement à Schwarzenegger et Stallone qui persistent à porter les films sur leurs seules épaules, les créateurs ont joué la prudence en montrant que l'action ne tournerait pas seulement autour de Willis mais également autour de quelqu'un de plus jeune. A la différence des héros respectifs de Terminator et Rambo, Willis n'a jamais incarné une icône de l'action musclée sinon dans cette franchise. On se demande combien de temps encore il sera perçu comme suffisamment en forme pour ce genre de films quand les deux autres étaient déjà injustement moqués au même âge. Willis arbore un look déjà bien rodé avec boule à zéro associée au genre alors qu'il réserve perruques et moustaches à la science-fiction ou à la comédie. A noter que dans le 4è film, s'il partageait l'action avec Justin Long, celui-ci n'était pas présent sur les affiches.
 
http://campuscherub.com/blog/wp-content/uploads/2012/12/affiche-die-hard-4..jpgAu-delà du 4è épisode, rares sont les franchises qui osent assumer leur âge. C'est le cas encore ici où l'on a droit à un titre dépourvu de chiffre, quand Die Hard 4 affichait un numéro pour la première fois dans la saga John McClane. Rocky V a été le premier à oser laisser le compteur tourner et plus récemment, il n'y a guère que Destination finale et Fast and Furious ainsi que la franchise fast-food Saw dont on nous a fait ingurgiter 7 épisodes en 7 ans qui ont porté un numéro 5 sans complexe. D'ailleurs cette dernière faisait de cette répétition une force en donnant rendez-vous au public chaque année à la même période. Il convient de noter que ces trois franchises ont laissé un court délai s'écouler entre chacun de leurs épisodes et n'ont donc pas vraiment eu le temps de vieillir dans l'esprit du public.
 
Pour agrémenter le titre d'origine Die Hard apparu seulement à l'occasion du 4è film en France, on nous propose un sous-titre ridicule (Belle journée pour mourir) qui ne veut rien dire et joue la carte de l'humour alors que l'on sait très bien que McClane ne va pas mourir. C'est une traduction littérale du titre US "A good day to die hard" qui avait le mérite de recourir à un procédé marketing redoutable dont les américains raffolent notamment dans leurs chansons, qui est de faire sonner les mots, les titres, les slogans de façon à ce qu'ils percutent un maximum. Ainsi l'assonance "ou" (goo/to) se mêle à l'allitération en "d" (ood/day/die/ard) qui évoque la détonation à l'image de ces nombreuses bombes qu'elle nous promet et qui ne manqueront d'exploser. En français, si l'on retrouve le son "ou" (jou/pou/mou), il est associé au son "r" (ourn/pour/mour) qui évoque le tumulte, le vacarme mais l'éclat n'est pas le même et la longueur des mots empêche l'effet de déferlement comme dans le titre anglais.

http://www.cinemotions.com/data/films/0034/42/1/affiche_Piege_de_cristal_1988_1.jpghttp://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/diaporama/58-minutes-pour-vivre/58-minutes-pour-vivre-die-hard-2-1989__4/1885862-1-fre-FR/58_minutes_pour_vivre_die_hard_2_1989_portrait_w858.jpghttp://www.cinemotions.com/data/films/0034/44/1/affiche-Une-Journee-en-enfer-Die-hard-with-a-vengeance-1995-1.jpg
C'est incroyable comme cette affiche peine à s'élever au niveau des films précédents et exploite à fond l'imagerie associée à cette franchise sans rien proposer de réellement neuf sinon la présence d'un fils doté du même caractère que son père, comme nous le laisse comprendre le slogan. Le film a bien démarré aux Etats-Unis malgré des critiques assassines. En France, l'orange devrait être encore juteuse également alors même qu'un sixième épisode vient d'être annoncé par Willis.
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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 14:30

Il est de notoriété publique que l'équipe d'Instant critique est particulièrement excitée par le vrai retour au premier plan d'Arnold Schwarzenegger, 10 ans après Terminator 3, dans un film réalisé de surcroît par le brillant cinéaste coréen Kim Jee-Woon. Le film s'appelle The Last Stand, en français, Le Dernier rempart.

 
Deux bandes-annonces ont circulé ; une première donnant l'impression d'un film assez sombre, très crédible, une sorte de thriller d'action mâtiné de western tandis que la deuxième est venu en corriger la noirceur en affichant une légèreté de par certains aspects comiques.
 
On dénombre pas moins de 5 affiches pour ce film, la première façon comics ayant été dévoilée en juillet dernier. Intéressons-nous à deux affiches intermédiaires à l'occasion de ce petit comparatif. Tout d'abord, celle qui semble être la principale affiche d'exploitation en salles.
 
http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/92/20/20314444.jpgElle est assez magnifique. Arnold est au centre de tout : de l'affiche, de l'action et du produit cinématographique. C'est typiquement ce à quoi le public était habitué dans les années 80. Quasiment toutes les affiches des films de Schwarzenegger (hormis les comédies Junior et Jumeaux, le film Double détente qui repose sur un duo de flics et le cas à part de Batman et Robin) le montrent seul, les 14 lettres de son nom étalées au sommet de l'affiche. Cette fois-ci, son nom ne domine pas le poster mais il est rapproché du titre et il occupe bien toute la largeur tandis qu'Arnold prend toute la hauteur avec un effet de contre-plongée. Que la photo soit retouchée ou non, les muscles sont là. Le corps est massif, imposant. Les jambes sont écartées avec un bon ancrage dans le sol. La pose montre que le "chêne autrichien" est toujours solide avec un regard vers l'avant à l'affût du danger. Il se dégage une force puissante. Pas de doute : c'est lui le dernier rempart, celui qui protège les personnages du film et les spectateurs du chaos que l'on aperçoit derrière lui. Ce chaos est pour le moins surprenant : rideau de fumée, de cendre, on se croirait dans un film catastrophe genre Le Pic de Dante ou Volcano. En tout cas, il y a du grabuge et heureusement un homme fort résiste. Son pantalon tâché de sang et de boue indique qu'il a déjà dû lutter pour tenter de rétablir l'ordre et son étoile de shériff lui confère une légitimité rassurante pour ce faire. La rutilante voiture que l'on aperçoit sur le côté droit détonne au milieu de ce carnage d'autant plus qu'elle est totalement intacte. Elle replace le film à une époque sinon futuriste tout au moins qui nous est contemporaine.
 
Il est incontestable que Schwarzenegger vieillit bien. Je trouve même qu'il se "Clinteastwoodise". Les créateurs l'ont bien compris et lui ont fourré dans la main un flingue qui n'est pas sans rappeler le magnum 44 de l'inspecteur Harry... La couleur "poussière" délavée presque sépia de l'affiche peut être vue comme une allusion à son âge que d'aucuns estiment à tort trop avancé pour se produire à nouveau dans le registre de l'action. Tout comme Clint Eastwood qui a commencé à jouer de son âge il y a 20 ans en 1993 avec Dans la ligne de mire, Arnold semble emprunter la même voie, lui qui a abondamment pratiqué l'auto-dérision au cours de sa carrière (voir Last action hero entre autres). On se souvient que dans Terminator 3, son personnage se considérait comme un modèle de robot obsolète en guise de pied de nez à tous ceux qui le jugeaient déjà trop vieux pour ce film. D'un autre côté, cet aspect gris et sa pose ont nettement tendance à le statufier, le marmoriser, à le consacrer tel un mythe tout en faisant référence au mythe qu'il est déjà auprès de ses fans.
 
The Last Stand Movie PosterPassons au deuxième visuel qui vend un film totalement différent ! Fourgonnette jaune, soleil et feu du canon illuminent le poster. Cette fois-ci Arnold partage l'affiche avec un autre comédien, pas franchement une star du cinéma mais une caution comique bienvenue pour une génération adolescente peu familière du grand autrichien. Il s'agit de Johnny Knoxville célèbre pour ses facéties casse-cou dans la série Jackass. Assurément, il occupe le rôle du bouffon de service. Ses lunettes d'aviateur pourraient promettre des aventures aériennes mais gageons qu'elles ont avant tout pour but de parfaire sa panoplie du crétin fini. Lui, tout comme cette couleur jaune à l'arrière assortie à celle du titre donnent au film un côté léger qui évoque les tons du "Bon, la brute et le cinglé", western parodique et déjanté du même réalisateur sorti en 2008.
 
Venons-en à Arnold qui bien que partageant l'affiche réussit à occuper les 3/4 de celle-ci.
Les héros des films d'action des années 80 ont toujours incarné une virilité exacerbée à travers des mises en scène qui célébraient le culte du corps. Gros plans sur les muscles, les veines saillantes, la chair luisante : il y avait un parti-pris esthétique associé au genre dans l'affirmation de leur virilité par le spectacle de leur force. Ils étaient des surhommes, des super-héros bien réels mais en même temps très éloignés du commun des mortels. Ici, la métaphore de l'homme viril est assumée sans complexe par le truchement de cette énorme mitrailleuse phallique fièrement dressée et de surcroît en pleine action de décharger... C'est la jouissance de la force toute puissante qui est représentée ici au second degré mais de manière évidente avec un recul profondément comique. C'est comme si l'on nous disait "allez, on met le paquet, on ne fait pas dans la dentelle". Enfin, n'oublions pas de mentionner le slogan "Retirement is for sissies" que l'on pourrait traduire par "La retraite, c'est pour les tapettes", ce qui complète le tableau viril par un soupçon de vantardise qui va souvent de pair. Tout cela achève de positionner le film comme une oeuvre bouffonne où l'on ne doit rien prendre au sérieux. Mais le film sera t-il fidèle à ce poster ou au premier voire à aucun des deux ? La réponse le 18 janvier aux Etats-Unis et le 23 en France !
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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 06:40

http://4.bp.blogspot.com/-60XVqAOgDE4/Tk9m_y5rR1I/AAAAAAAAGzM/eW1-qr01T4Y/s1600/DRIVE-poster-1-674x1000.jpgEn octobre 2011 sortait Drive. Avec son minuscule budget, le film fit découvrir au grand public la petite bouille et les yeux de cocker de Ryan Gosling, créa la surprise et récolta un succès unanime. Tous sont d'accord, Drive est un chef d'oeuvre, une réussite majeure. Que ce soit du coté de la presse écrite ou du grand public.

 

Alors tous ? Non !

Non car un petit village d'irréductibles résiste encore et toujours à l'envahisseur.

 

Certains crient au scandale et d'autres à la publicité mensongère car Drive ne répond pas à leur attente (voir l'histoire de cette dame du Michigan qui a porté plainte – lien - )

 

Après réflexion, on peut se demander assez légitimement ce qui s'est passé. 

 

Drive est tout de même un pur produit indépendant. Le genre de film à ne pas dépasser la centaine de copies sur notre territoire. Le genre de film jugé chiant et inutile par les amateurs de tunings venus du nord. Le genre de branlette cérébralo-violente que les aficionados de TF1 rejettent en bloc. 

 

Comment donc faire passer des vessies pour des lanternes et ramener un maximum de public dans la salle alors que l'on projette un petit film indé à 15 millions ? 

 

L'astuce tient en presque deux mots : campagne d'affichage...

 

A gauche l'affiche telle qu'elle fut visible dans les divers festivals où le film a concouru (notamment Cannes) à droite l'affiche ré-interprétée par une armée de "marketeux" français.

 

 http://www.cinexclu.fr/uploads/f34-600x429_drive.jpg

 

Par quoi commencer ? Ce qui saute aux yeux, c'est la rupture de ton opérée par les couleurs. Là où l'affiche originale fait place à des tons bleus et jaunes rehaussés par le rose très pop de la typographie du titre, donnant ainsi un visuel léché tel qu'il est dans le film avec cette accumulation de couleurs, l'affiche française, elle, laisse place à une monochromie bleu glaçante symbole de dureté et de l'absence d'émotion.

 

La pose du personnage principal est elle aussi complètement chamboulée. Le héros n'est plus dans l'attente, il est DANS l'action. En pleine course-poursuite, on pourrait penser à cause de la voiture rajoutée en arrière-plan. Ce qui est en totale inadéquation avec les propos du film. Le héros prônant davantage la discrétion pour s'enfuir plutôt que les folles envolées à toute berzingue.

 

Pour accentuer un peu plus le tout, on observe un décadrage de l'image, ce qui amplifie l'effet de désorganisation, d'urgence et de vitesse, pas le temps de penser ni de réfléchir.

 

http://3.bp.blogspot.com/-iyTaKke5GBs/TkR_ubp_siI/AAAAAAAAACA/6i62VG_G2GQ/s1600/Drive%2BItalian%2BPoster.jpgAdieu aussi la jolie typographie des années 80 qui sert pourtant à ouvrir et fermer le film au cinéma. Elle est ici remplacée par un gros lettrage militaire scindé en son centre et passé en italique, toujours pour donner une impression de vitesse. Encore une fois, nous ne sommes plus ni dans la finesse, ni dans le décalage. Les gros aplats blancs en imposent tout comme notre héros. Toujours dans le même esprit de visibilité, les noms des acteurs et du réalisateur sont clairement visibles alors qu'ils n'étaient là qu'en filigrane dans l'affiche originale.

 

Enfin, pour finir d'attirer le chaland et surtout ne pas décourager les plus cérébraux d'entre nous, un bon gros logo Festival de Cannes est apposé, ce qui est, j'en conviens, un plus non négligeable. L'idée est de ne pas tomber dans l'effet inverse, à savoir décourager le public déjà gagné d'avance.

 

Voilà comment par le biais d'un affichage astucieux, les studios hollywoodiens arrivent à nous vendre n'importe quoi. Je ne remets pas en cause la qualité du film bien entendu mais la pratique légèrement malhonnête. Quant à savoir si le film aurait eu autant de « Hype » sans ce type de promotion... c'est un autre débat.

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 12:35

Le commentaire de cette affiche est écrit volontairement sans rien connaître de l’œuvre (ni bande-annonce, ni synopsis) afin d’exprimer ce qu’elle inspire sans aucune influence. Peut-être toutes ces remarques seront-elles invalidées par la vision du film. Peu importe car le but de cette rubrique est bien de décortiquer les affiches en ignorant tout du film en question. Cela permet de témoigner si le distributeur, créateur de l’affiche, est fidèle, ment, ou échoue malgré lui, à communiquer sur le contenu du film.

 

Il n'est jamais trop tardVoici la deuxième réalisation de Tom Hanks à sortir le 6 juillet en France, 15 ans après son film musical « That thing you do ». L’acteur doublement oscarisé interprète le rôle principal de ce qui semble être une comédie romantique aux côtés d’une autre grande vedette, Julia Roberts. Un côté désuet se dégage de l’affiche. Ne serait-ce que dans la manière de capitaliser sur les deux acteurs à une époque où le « star system » n’est plus ce qu’il était. En effet, les plus grands succès du boxoffice annuel font désormais la part belle au grand spectacle, aux effets spéciaux, aux concepts éprouvés ou encore aux super-héros, tous ces films reléguant leurs interprètes souvent peu connus (ils le deviennent ensuite) au second plan. Contrairement à une époque récente, les studios sont devenus beaucoup plus hésitants à aligner des millions de dollars pour réunir des vedettes qui ne sont plus forcément gage de succès. Dans les années 90, le nom des acteurs s’étalait, énorme, au-dessus du titre. Il était l’ingrédient-clé qui garantissait le succès d’une recette parfois indigeste. Bien sûr, les duos masculin/féminin étaient légion. Combien d’affiches ont mis en avant un casting de choc (Michael Douglas/Sharon Stone, Jack Nicholson/Michelle Pfeiffer, Kevin Costner/Whitney Houston, Kim Basinger/Mickey Rourke ou encore le fameux Stallone/Stone de « L’Expert »...), avec un nom de chaque côté, celui de la star masculine apparaissant systématiquement à gauche afin qu’il soit lu en premier ? La grande mode était aux affiches binaires laissant entrevoir une moitié de visage ou un profil de chacune des deux vedettes de chaque côté de l’affiche (Soleil levant, Copycat, Demolition man, Ennemis rapprochés…) suggérant ainsi une opposition entre les deux personnages, promesse d’un affrontement physique ou psychologique palpitant. Il y a une quinzaine d’années une affiche comme celle d’« Il n’est jamais trop tard » aurait coûté 40 millions de dollars, chacun des deux acteurs ayant reçu à un moment donné 20 millions de dollars de cachet par film au cours de sa carrière. Aujourd’hui, le doute est permis. D’abord les informations relatives au salaire des stars sont beaucoup moins communiquées qu’autrefois. Ensuite, d’après l’affiche, le film n’est pas produit par une major mais par un indépendant (summit entertainment) et il serait surprenant que la production ait consenti à débourser autant d’argent dans le casting principal pour cette œuvre à l’avenir incertain, dotée d’un scénario original (co-écrit par Tom Hanks) et de personnages inconnus visant à priori un public moins jeune que le cœur de cible des blockbusters.
Si le « star system » n’est plus ce qu’il était, ce film en récupère cependant les vestiges les moins dégradés. Depuis 1993 avec « Nuits blanches à Seattle » jusqu’à son dernier succès avec « Anges et démons », Tom Hanks a réalisé des scores éclatants. Seuls « La guerre selon Charlie Wilson » et à la rigueur le « Ladykillers » des Coen peuvent être vus comme des contre-performances. Mais aucun bide de l’ordre de ceux de Bruce Willis ou Harrison Ford à l’horizon. Hanks s’est retrouvé à l’affiche de films appartenant déjà à la légende de Hollywood, le plus emblématique restant Forrest Gump. Pour ce qui est de Julia Roberts, son palmarès prestigieux a été terni par le récent échec de « Duplicity » de Tony Gilroy et par divers résultats en demi-teinte. Mais « Il n’est jamais trop tard » l’emploie dans son domaine de prédilection où le public l’apprécie le plus : la comédie romantique (Pretty Woman, Le mariage de mon meilleur ami, Notting Hill, Runaway bride…).

Pour en revenir à l’affiche, on a le schéma classique et éternel de l’homme assurant le contentement de la femme. Cet homme semble littéralement tombé du ciel avec un paysage comme on peut en voir seulement à bord d’un avion, en regardant par le hublot. Les deux protagonistes se trouvent carrément au-dessus des nuages. Le montage photo s’avère assez laid, voire raté notamment sur l’arrière du scooter, peu aidé en cela que l’intégration d’un scooter dans un ciel ne constitue pas une image des plus crédibles… Rien ne suggère une histoire fantastique, ce n’est donc pas un scooter volant. L’image est donc à prendre du point de vue de la métaphore.

http://www.cinemovies.fr/images/data/photos/19533/larry-crowne-2011-19533-660730537.jpg

 

Tom Hanks est tombé du ciel et dans le même temps, on peut dire qu’il emmène Julia Roberts au 7è ciel puisqu’elle semble en pleine extase. « Elle se lâche ». Son sourire à lui, bien que légèrement crispé, indique une satisfaction, celle d’apporter le bonheur à cette femme. On peut dire que Tom Hanks se dévoue puisque la joie exaltée est pour elle, pas pour lui, alors que c’est lui qui la conduit et semble être à l’origine de cette joie. Il y a une certaine passivité chez Julia Roberts qui se laisse conduire, non seulement en scooter, mais sans doute aussi dans sa vie pour faire grâce à Tom Hanks, ce qu’elle ne pouvait pas, ou n’osait pas faire. Une image que les féministes les plus acharnés ne manqueront pas de juger machiste.

L’effet aérien est renforcé par le foulard de Julia Roberts qui vole. Le foulard au vent est également le symbole du nœud défait de ses inhibitions, celles-là mêmes qui l’empêchaient peut-être de faire ce qu’il n’est pas encore trop tard de faire. Il évoque la liberté et indique que le scooter est en mouvement ; ce dernier filant à toute vitesse afin de réaliser la fameuse chose pour laquelle on a encore du temps. Il y a toutefois un vrai contraste entre la situation aérienne, l’expression hilare de Roberts et la position descendante du scooter, position qui exprime un retour sur Terre, ou plutôt à la réalité. Mais on ne sait pas vraiment non plus où il va car il part en biais au point d’en être totalement décadré sur la photo. Le rétroviseur est carrément hors cadre, de même que les doigts de la main gauche de Tom Hanks. Ce scooter est assez affreux, notamment en raison de sa couleur, laquelle évoque un robot-mixeur des années 80. Ce gris bleu jure avec le ciel bleu comme un pantalon et une chemise mal assortis. De même, le gros phare central et encastré ne fait pas très moderne.

Aff OrigineLe titre original est « Larry Crowne », le nom d’un personnage de fiction, inconnu, que le film propose au public de découvrir, façon « Jerry Maguire ». Le titre français à rallonge, lui, est affligeant. Ce pourrait être le titre d’une comédie française justement, avec des histoires de couples de tous âges.  Comme si cela ne suffisait pas, on a droit à un sous-titre ou slogan à rallonge également, totalement contradictoire avec le titre. En effet, « il n’est jamais trop tard » fait référence à quelque chose que l’on n’a pas encore réalisé ou vécu dans sa vie et que l’âge ne doit pas empêcher de faire. En revanche, « on a tous droit à une seconde chance » renvoie à l’expérience d’une chose ratée, déjà faite, que l’on peut recommencer, refaire. Le titre et le sous-titre ont cependant en commun d’être des expressions du langage parlé, presque des maximes. Ce sont des lieux communs faisant tous deux usage de tournures impersonnelles : « il n’est », « on a » qui incluent le spectateur potentiel. Pour toi aussi, spectateur, il n’est pas trop tard et tu as droit à une seconde chance. D’ailleurs « on [y] a tous droit ».

Ces deux personnages qui roulent en scooter sont-ils des prolos ? La chemise et les lunettes de soleil de Tom et le foulard de la miss semblent indiquer le contraire. De toute manière, on n’y croirait pas car on voit vraiment deux stars sur l’affiche. Mais quelle est donc cette chose qu’il n’est pas trop tard de faire ? Là, le mystère est total. Rouler en scooter ? En réalité, le sous-titre est agaçant parce qu’il explique tout assez lourdement. Sachant qu’on est face à une comédie romantique (casting, couleurs, expressions), il est bien plus probable que la seconde chance relève du domaine de l’amour et des sentiments qu’une deuxième tentative de saut en parachute. Sinon, bien que Julia Roberts s’esclaffe, aucun humour particulier ne se dégage de l’affiche. La comédie est-elle drôle en plus d’être romantique ? Rien n’est moins sûr.

A moins de se faire éreinter par la critique, il est très vraisemblable que le film marche bien en France, où Julia Roberts reste très populaire malgré les articles condamnant son comportement lors d’interviews. Quant à l’image de Tom Hanks, elle est intacte. On peut s’attendre à un démarrage entre 400 000 et 500 000 entrées, à condition que le distributeur SND (du groupe M6) sorte le film sur un minimum de 400 copies. Réponse le 6 juillet.

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